Le développement mobile multiplateforme désigne le fait de créer une application mobile unique pouvant fonctionner à la fois sur iOS, Android et d’autres systèmes, à partir d’un code source commun. Cette approche “cross-platform” vise à accélérer la mise sur le marché et à réduire les coûts en évitant de développer deux applications natives séparées. De nos jours, la majorité des développement mobile se font via une de ces technologies car elles permettent les meilleures ROI et sont idéales pour la plupart des typologie de projets mobiles.
Pour les entreprises suisses le choix du bon framework multiplateforme est un enjeu crucial. Bien maîtrisée, une solution cross-platform permet d’optimiser les ressources, de maintenir une expérience utilisateur cohérente sur tous les appareils, et d’accélérer la transformation digitale (par exemple en proposant rapidement un produit mobile B2B/B2C innovant). À l’inverse, un mauvais choix technologique ou une implémentation hasardeuse peut compromettre le projet et entraîner des dépassements de budget.
Dans cet article, nous comparons quatre frameworks multiplateformes majeurs – React Native, Flutter, Ionic et .NET MAUI – en examinant pour chacun les implications techniques et business dans le contexte d’un projet mobile d’entreprise (application métier interne, produit digital grand public, interface mobile B2B/B2C, etc.).
React Native : flexibilité JavaScript & écosystème mature
React Native est un framework open source lancé par Facebook (Meta) en 2015. Il permet de développer des applications iOS et Android en JavaScript (et React) en réutilisant une grande partie du code entre les plateformes. Concrètement, l’interface utilisateur est rendue via des composants natifs pilotés par un moteur JavaScript. Cette architecture à “pont” (bridge) implique un léger surcoût de performance lors des échanges entre le code JavaScript et le code natif, surtout dans le cas d’animations très complexes, mais avec des optimisations appropriées on obtient cependant une expérience fluide extrêmement proche du natif. React Native bénéficie d’une vaste communauté de développeurs et d’une multitude de bibliothèques tierces, ce qui facilite l’implémentation de fonctionnalités communes (UI, API, etc.) et accélère le développement. Facebook, instigateur du projet, continue de le soutenir activement, et de nombreux contributeurs open source enrichissent l’écosystème.
Du point de vue business, React Native séduit par sa maturité et son adoption à grande échelle. Des applications mobiles grand public de premier plan l’utilisent en production (Facebook, Instagram, Walmart, Discord, entre autres), gage de fiabilité et de pérennité. Le fait de pouvoir mobiliser des compétences web/JavaScript existantes au sein d’une équipe de développement constitue un atout pour les entreprises suisses en quête d’efficacité : on limite la pénurie de talents mobiles natifs en réaffectant des développeurs web à des projets mobiles. L’apprentissage est d’autant plus rapide que les outils de React Native (comme le Hot Reload) rendent le cycle de développement très productif, avec rechargement en temps réel des modifications.
ROI : en pratique, React Native permet de réduire significativement le temps et les coûts de développement en mutualisant le code iOS/Android.
Par exemple, une scale-up e-commerce basée à Genève a récemment choisi React Native pour lancer son application shopping sur iOS et Android simultanément. Grâce à la réutilisation de composants web existants et à la rapidité du cycle de développement, l’équipe a livré son app B2C en quelques mois – soit deux fois plus vite qu’un développement natif double – tout en maîtrisant les coûts et sans compromis sur l’expérience utilisateur.
Flutter : performance native & UI riche cohérente
Flutter est le framework multiplateforme open source de Google (lancé en 2018) qui a rapidement gagné en popularité. Techniquement, Flutter utilise le langage Dart (conçu pour être simple à appréhender) et se distingue par son approche unique basée sur des widgets: toute l’interface est composée de widgets personnalisables. Contrairement à React Native, Flutter n’utilise pas de composants d’interface natifs : il s’appuie sur son propre moteur de rendu graphique (Skia) pour dessiner l’UI pixel par pixel, ce qui assure une cohérence visuelle parfaite entre les plateformes. Les applications Flutter sont compilées en code machine natif (AOT), éliminant les couches intermédiaires : on obtient ainsi des performances très élevées, avec des animations fluides à 60 fps et un ressenti utilisateur équivalent à celui d’une app native. Flutter offre également un riche catalogue de widgets prêts à l’emploi, et son hot reload permet, comme sur React Native, de tester instantanément les modifications de code, accélérant le développement.
Sur le plan business, Flutter bénéficie quant à lui du soutien stratégique de Google, ce qui rassure quant à sa pérennité (mises à jour régulières, large compatibilité). La communauté grandit rapidement et de nombreux plugins/packages sont disponibles pour intégrer des services ou des fonctionnalités natives. De plus en plus d’organisations choisissent Flutter pour des projets mobiles ambitieux : on le retrouve par exemple derrière l’interface de Google Ads, ou dans des applications d’entreprises de premier plan (Toyota, BMW, Alibaba, eBay… utilisent Flutter pour certaines de leurs applications mobile).
Les décideurs apprécient particulièrement la qualité de l’UI obtenue et la possibilité de cibler d’autres plateformes que le mobile : en effet, Flutter permet aussi de compiler des applications pour le web ou le desktop (Windows, macOS, Linux) avec le même code, ce qui ouvre des opportunités de réutilisation dans un écosystème digital plus large. En termes de ressources, Flutter peut nécessiter de former des développeurs au langage Dart, mais ce dernier reste assez accessible pour des équipes expérimentées et la courbe d’apprentissage demeure modérée.
ROI : sur des projets où l’expérience utilisateur riche est un facteur de différenciation (par exemple des applications grand public avec interface soignée ou des produits digitaux innovants), Flutter apporte un compromis intéressant entre rapidité de développement multiplateforme et performance quasi native, évitant de devoir coder séparément pour chaque OS.
Cas d’usage : une fintech lausannoise que nous avons accompagné souhaitant lancer rapidement un nouveau service mobile multiplateforme a opté pour Flutter afin de garantir une UI/UX uniformisée et hautement réactive sur iPhone comme sur Android. Ce choix lui a permis de proposer des fonctionnalités avancées (animations fluides, graphiques temps réel, etc.) sans développer deux applications natives, et d’économiser ainsi environ 30 % sur les coûts et délais de développement par rapport à une approche native classique.
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Ionic : technologies web pour un développement agile
Ionic est un framework multiplateforme open source orienté technologies web. Fondé en 2013, Ionic permet de développer des applications mobiles à l’aide de HTML, CSS et JavaScript/TypeScript, en s’appuyant souvent sur des frameworks web populaires (Angular, React ou Vue). Concrètement, une appli Ionic fonctionne comme une application web embarquée dans un conteneur mobile (via Cordova ou Capacitor) : l’interface est rendue dans une WebView, avec des composants UI pré-stylés pour imiter l’apparence native sur iOS ou Android. L’avantage majeur d’Ionic est de tirer parti des compétences web d’une équipe : pour des développeurs familiarisés avec Angular/React, la prise en main est quasi immédiate (le framework est réputé pour sa faible courbe d’apprentissage).
Le kit Ionic fournit de nombreux composants UI prêts à l’emploi pour accélérer le design de l’application, et propose le live reload pour un développement rapide. Cette approche web apporte également une grande flexibilité : une application Ionic peut être déployée non seulement sur les stores mobiles, mais aussi en tant qu’application web progressive (PWA) accessible via un navigateur, maximisant la réutilisation du code.
D’un point de vue technique, les performances d’Ionic sont satisfaisantes pour des applications légères à modérées, typiquement des apps orientées contenu, formulaires, tableau de bord, etc., où l’accès matériel intensif et les animations complexes ne sont pas centraux. Ionic excelle dans ce type de projets avec des transitions fluides et une expérience utilisateur correcte. En revanche, pour des applications mobiles très complexes ou exigeantes (jeux, rendu 3D, traitement en temps réel…), l’approche WebView montre vite ses limites : on peut observer des ralentissements ou une moins bonne réactivité si l’app est très volumineuse ou doit effectuer des calculs lourds. Il est alors parfois nécessaire d’optimiser en natif ou d’envisager un framework plus proche du matériel (Flutter, React Native).
Sur le plan business, Ionic est une solution open source (licence MIT) sans coût de licence et bénéficie d’une communauté active de développeurs qui enrichissent le framework via des plugins et offrent du support dans les forums. L’éditeur Ionic Propose même des services commerciaux optionnels (abonnements entreprise donnant accès à du support premium, à des outils additionnels pour builds cloud, monitoring, etc.), ce qui peut rassurer les entreprises souhaitant un accompagnement professionnel tout en restant sur de l’open source. Ionic s’aligne bien avec une stratégie de développement agile et sur-mesure : il permet de créer rapidement un prototype fonctionnel multiplateforme puis de l’itérer.
ROI : Ionic se montre particulièrement efficace pour des applications métiers internes ou des projets B2B n’ayant pas besoin d’exploiter toutes les capacités natives du téléphone. Le gain se situe dans la vitesse de développement et la possibilité de réutiliser du code web existant, ce qui réduit les coûts initiaux.
Par exemple, une PME industrielle du canton de Vaud a développé avec Ionic une application métier interne de gestion des stocks, destinée à ses employés sur le terrain (smartphones et tablettes). L’équipe de développement web en place a pu créer cette app multiplateforme sans recruter de compétences mobiles spécialisées, et le déploiement en PWA a même permis à certains utilisateurs d’y accéder depuis un simple navigateur. En quelques mois, l’entreprise a obtenu une solution sur-mesure, évolutive et sécurisée (grâce aux bonnes pratiques web) tout en économisant près de 40 % en coûts de développement par rapport à une application native équivalente.
.NET MAUI : la solution multiplateforme de Microsoft pour l’écosystème .NET
.NET MAUI (Multi-platform App UI) est le framework cross-platform de Microsoft, successeur moderne de Xamarin.Forms. Open source et intégré à l’écosystème .NET, .NET MAUI permet de développer avec C# et XAML des applications natives pour Android, iOS, Windows et macOS à partir d’un seul codebase. Microsoft a lancé .NET MAUI en 2020 dans le cadre de .NET 6, unifiant et améliorant son offre multiplateforme – au point qu’en mai 2024, le support de l’ancien Xamarin a été officiellement arrêté au profit de MAUI.
Techniquement, .NET MAUI produit de véritables interfaces natives sur chaque plateforme (grâce à un moteur de rendu spécifique pour Android/iOS, et en s’appuyant sur les API UIKit/SwiftUI d’Apple, Material Design d’Android, WPF/WinUI de Windows, etc.). Cela se traduit par des applications à l’expérience utilisateur 100 % native et de bonnes performances sur chaque OS, d’autant que .NET MAUI profite des optimisations de .NET 6/7, comme la compilation AOT sur iOS et diverses améliorations du runtime .NET pour gagner en rapidité. Le framework couvre en outre une large palette de périphériques : outre les smartphones, on peut cibler les tablettes, PC Windows et Mac de bureau avec des interfaces adaptées. C’est un atout si votre produit nécessite aussi une application desktop en plus du mobile. En termes d’outils, les développeurs .NET MAUI travaillent dans un environnement familier – Visual Studio (ou VS Code) – disposant de tout l’outillage professionnel de Microsoft, ce qui améliore la productivité (éditeur XAML, designers graphiques, débogage intégré, tests unitaires, etc.).
Pour les entreprises suisses ayant déjà un parc applicatif et des équipes en technologies Microsoft, .NET MAUI présente un certain intérêt. Elles peuvent capitaliser sur leurs développeurs C# existants et leur savoir-faire, sans devoir former toute une équipe à Java/Kotlin ou Swift/Objective-C. Beaucoup d’organisations dans le monde ont bâti leur infrastructure digitale sur .NET/C# ces deux dernières décennies, et cette expertise reste largement disponible. Avec .NET MAUI, ces entreprises disposent d’un moyen de créer des applications mobiles modernes tout en restant dans leur écosystème technologique maîtrisé (outils, langage, architectures) – une continuité accueillie avec enthousiasme par la communauté .NET.
Du point de vue business, cela signifie également potentiellement réduire les dépendances technologiques dans le cas où l’entreprise travaille déjà largement avec l’environnement de développement logiciel Microsoft: une équipe unifiée peut travailler sur l’ensemble des plateformes, et l’intégration avec les systèmes existants (bases de données Microsoft SQL, services web .NET, Active Directory, etc.) est souvent plus simple grâce aux librairies communes.
Sécurité : le framework bénéficie de l’héritage Microsoft en matière de sécurité des applications (par exemple, compatibilité avec les modules de cryptographie .NET, authentification Azure AD/B2C, etc.), ce qui facilite la conformité aux standards élevés souvent requis en Suisse (secteurs financier, médical, etc.).
ROI : .NET MAUI sera particulièrement rentable pour une organisation déjà orientée Microsoft qui lance une application mobile liée à son système d’information interne ou à son offre existante. Le gain provient de la mutualisation du développement (une seule base de code pour mobile et desktop potentiellement) et de la réutilisation du code métier existant en .NET.
Cas d’usage : un assureur romand a choisi .NET MAUI pour développer l’interface mobile de son portail client, donnant accès aux contrats et prestations. Ce choix s’est imposé car l’entreprise disposait d’une solide équipe .NET et voulait intégrer finement l’app mobile à son architecture backend déjà en place (microservices en C#, base SQL Server). En utilisant .NET MAUI, l’assureur a pu développer cette application B2C multiplateforme sans dépendre d’un prestataire externe, tout en garantissant la scalabilité de l’application (partage de composants avec la version desktop du portail) et en respectant ses exigences strictes de sécurité et de conformité.
Conclusion
En conclusion, le choix du framework mobile multiplateforme doit être guidé à la fois par des considérations techniques et business. Chaque technologie présente des avantages distincts : React Native offre la flexibilité du JavaScript et un écosystème riche, idéal pour capitaliser sur des ressources web et viser un time-to-market court tout en offrant une expérience de grande qualité aux utilisateurs finaux et une facilité de maintenance aux développeurs et ingénieurs lorsque l’application devra évoluer. Flutter apporte une expérience utilisateur haut de gamme avec des performances natives, ce qui convient aux produits digitaux où l’UI/UX est un facteur clé de succès. Ionic permet un développement très agile en mobilisant des compétences web courantes, ce qui peut suffire pour des applications métier ou des projets à budget contraint. .NET MAUI s’intègre parfaitement dans un environnement Microsoft, solution privilégiée pour les entreprises qui veulent évoluer en terrain connu et mutualiser développement mobile et desktop sans pour autant s’aventurer en dehors de ce qu’elles connaissent déjà.
Il n’existe pas de “meilleur” framework absolu : la décision dépend du contexte de votre projet (objectifs métier, public cible, contraintes techniques existantes, compétences de l’équipe, etc.). L’important est d’évaluer en amont les exigences spécifiques (performance, qualité d’interface, intégration SI, évolutivité…) afin de choisir la plateforme qui maximisera le ROI et la pérennité de l’application.
Chez Edana, nous prônons des solutions hybrides ou sur-mesure bâties sur des technologies ouvertes et robustes. Cela se traduit par une préférence pour les frameworks open source largement supportés, une architecture évolutive qui évite les dépendances excessives, et une attention constante à la sécurité et à l’efficacité des coûts sur le long terme.
Besoin d’aide pour trancher ou d’un accompagnement dans votre projet mobile ? Nos experts se tiennent à votre disposition pour vous conseiller dans le choix de la solution la mieux adaptée à vos objectifs et pour mener à bien le développement de votre application mobile d’entreprise, de façon innovante et rentable.