Résumé – Mettre en place un logiciel médical sans une ergonomie adaptée expose à des risques cliniques, à la résistance des équipes et à des retards de certification MDR/ISO 62366. En prototypant tôt les workflows, en menant des tests d’ergonomie et en cartographiant les usages, on identifie les zones de friction, aligne les parties prenantes et réduit de 80 % les risques de rework. Solution : engager une démarche HCD intégrée avec boucles itératives, sprints de tests utilisateurs et veille réglementaire pour garantir une adoption fluide, conforme et sécurisée.
Dans le domaine médical, un logiciel ne se limite pas à gérer des données : il impacte directement la sécurité des patients, l’efficacité des équipes soignantes et la conformité réglementaire.
Adopter dès le départ une démarche de design centré utilisateur permet d’anticiper les usages cliniques, de réduire les erreurs et de garantir une certification conforme (MDR, ISO 62366). Les projets HealthTech les plus performants mettent ainsi en place des prototypes précoces, des boucles d’amélioration continue et des tests rigoureux pour délivrer une solution adoptée et utile avant même la première ligne de code.
Prototyper tôt pour réduire 80 % des risques en amont
Le prototypage précoce permet de valider les workflows et d’identifier les zones de friction avant le développement. Il minimise les incertitudes et aligne les besoins cliniques et techniques dès les premières maquettes.
Visualisation des workflows cliniques
La représentation graphique des scénarios d’usage en milieu hospitalier facilite la compréhension des enchaînements opérationnels. Elle révèle les séquences critiques où la latence ou la complexité dans la navigation peuvent avoir des conséquences cliniques. En cartographiant les étapes, de l’admission du patient à la transmission des comptes-rendus, on met en lumière les points de friction potentiels.
Cette cartographie engage les équipes médicales et les spécialistes IT autour d’un même référentiel visuel. Elle sert de support aux ateliers collaboratifs et aux premières validations fonctionnelles. Les médecins et infirmiers s’approprient ainsi l’outil en amont, ce qui contribue à éviter les retours massifs en fin de projet.
À ce stade, les hypothèses de conception sont traduites en scenarios cliniques concrets, favorisant la détection rapide des besoins implicites souvent invisibles dans un cahier des charges traditionnel.
Tests d’ergonomie avant le code
Les click dummies et maquettes interactives constituent un terrain d’expérimentation sécurisé avant la mise en place de la couche applicative. Ils permettent de tester la disposition des éléments, les enchaînements de menus et la clarté des libellés.
En conduisant de courts tests utilisateurs, on mesure la charge cognitive, le temps de réalisation des tâches et la fréquence des erreurs de navigation. Les résultats guident les itérations successives du prototype et évitent de développer des fonctionnalités mal ajustées.
Ces sessions génèrent des indicateurs quantitatifs (taux de réussite des tâches, temps de complétion) et qualitatifs (retours verbaux, zones de perplexité). Ainsi, chaque version de prototype se rapproche du produit final, limitant les risques de rework coûteux.
Alignement des parties prenantes
Le prototypage favorise une collaboration transversale entre les équipes médicales, IT, conformité et qualité. Chacune apporte son expertise pour enrichir les maquettes et valider les processus.
Par exemple, un établissement hospitalier de taille moyenne a réalisé dès la phase de mockup une revue conjointe entre pharmaciens, ingénieurs biomédicaux et informaticiens. Cette démarche a permis de repérer une divergence sur la saisie des doses de médication, évitant ainsi la refonte complète d’un module développé ultérieurement.
Le résultat a été une maquette alignée sur les contraintes métier et réglementaires, consolidant l’adhésion des équipes et limitant de 70 % les anomalies à corriger en phase de validation logicielle.
Une boucle d’amélioration continue intégrée au cycle de vie
Le déploiement d’un logiciel médical ne marque pas la fin des itérations : il ouvre une phase d’amélioration permanente basée sur des données terrain. Cette boucle garantit un alignement constant avec l’évolution des pratiques cliniques, réglementaires et technologiques.
Adaptation aux pratiques cliniques évolutives
Les protocoles de soins et les habitudes de travail évoluent en continu, notamment sous l’effet de nouvelles recommandations médicales ou d’innovations thérapeutiques. Un logiciel conçu selon l’approche centrée utilisateur intègre dès la conception un processus de veille et de révision des workflows.
En programmant des sessions trimestrielles de revue des usages, les équipes identifient les nouvelles attentes, ajustent l’interface et optimisent les enchaînements d’écrans. Cette souplesse évite le vieillissement fonctionnel et sécuritaire de la solution.
Par ailleurs, la collecte des indicateurs d’usage (ratios de clics, zones inexplorées) permet de mesurer l’adoption et de prioriser les prochaines améliorations en fonction de l’impact clinique réel.
Conformité réglementaire continue
Les exigences MDR, ISO 62366 et autres normes internationales évoluent régulièrement. Pour un dispositif médical logiciel (SaMD), chaque mise à jour peut nécessiter une nouvelle évaluation de l’ergonomie et de la sécurité d’usage (critical use errors).
Intégrer un processus d’audit ISO périodique, accompagné d’une mise à jour de la documentation HCD, permet de maintenir la certification sans délais imprévus. Les mises à jour sont ainsi planifiées en amont et intégrées dans la roadmap produit.
Cette démarche proactive réduit le risque d’arrêts de commercialisation ou de contraintes liées à la mise en conformité tardive suite à une réglementation inapplicable.
Exploitation des retours du terrain
En conditions réelles, de nouvelles problématiques peuvent émerger : imprévus patient, variabilité des plateformes matérielles, contraintes d’infrastructure réseau, etc. Les retours de première ligne sont collectés via enquêtes brèves, journaux de bord et sessions d’observation.
Par exemple, un laboratoire d’analyse médical a mis en place un dispositif de retours utilisateur au sein de son service d’hématologie. Les techniciens ont pu signaler les goulets d’étranglement dans le module de saisie des résultats et proposer des ajustements sur les formats d’affichage.
Ces données terrain ont conduit à une réorganisation de l’interface graphique et à l’ajout de filtres dynamiques, augmentant la vitesse de saisie de 25 % et réduisant les erreurs de transcription.
Edana : partenaire digital stratégique en Suisse
Nous accompagnons les entreprises et les organisations dans leur transformation digitale
Pourquoi le design centré utilisateur est indispensable en santé
Un logiciel médical centré utilisateur améliore directement l’efficacité, la sécurité et l’adoption par les équipes soignantes. Cette approche réduit la charge cognitive et prévient les erreurs critiques en milieu clinique.
Meilleure utilisabilité
En contexte hospitalier, les utilisateurs évoluent sous forte pression temporelle et doivent parfois switcher rapidement entre plusieurs interfaces. Un design intuitif limite les clics inutiles et organise l’information de manière hiérarchisée.
L’optimisation des parcours de navigation se traduit par une réduction des temps de formation, des sessions de support et, in fine, par une diminution des coûts opérationnels liés à l’accompagnement au changement.
Des indicateurs tels que le taux d’erreur sur une tâche, le temps moyen de réalisation et le sentiment de confiance des utilisateurs attestent de l’efficacité ergonomique de l’outil.
Réduction des risques et erreurs
Les critical use errors, c’est-à-dire les erreurs d’usage pouvant compromettre la sécurité des patients, sont anticipées et éliminées grâce aux études d’ergonomie et aux simulations réalistes.
Par exemple, une clinique a réalisé un audit HCD sur son logiciel de prescription et repéré une ambiguïté dans l’affichage des unités de médicament. La correction apportée, combinée à des garde-fous visuels (alertes colorées), a réduit de 40 % les incidents liés à la prescription erronée.
Ces améliorations renforcent la maîtrise des protocoles et participent à la conformité vis-à-vis des exigences réglementaires concernant la sécurité d’usage.
Adoption et satisfaction accrues
Les solutions conçues avec la participation active des futurs utilisateurs bénéficient d’un taux d’adoption bien plus élevé. Les équipes soignantes se sentent écoutées et impliquées, ce qui crée un climat de confiance.
Un taux d’utilisation supérieur à 90 % dès la première semaine permet de dégager rapidement un ROI opérationnel et d’obtenir des retours qualitatifs constructifs pour la suite de la roadmap.
Cette adhésion est un levier direct de l’amélioration de la qualité des soins : elle consolide la fiabilité des données et facilite la coordination entre services.
Méthodes recommandées
Il n’existe pas de recette universelle : chaque projet HealthTech nécessite une approche sur mesure, combinant méthodologies éprouvées et contextes métier spécifiques. Le choix de la démarche doit être fondé sur le type de dispositif et les objectifs cliniques visés.
Human-Centered Design (ISO 62366)
Le HCD, formalisé par la norme ISO 62366, structure la conception autour de l’identification des usages et des critical use errors. Il comporte plusieurs étapes : recherche utilisateur, conception, évaluation et validation.
Cette méthode garantit une traçabilité complète des décisions de design avec des livrables normés, facilitant la préparation du dossier de certification MDR.
L’approche HCD est particulièrement adaptée aux dispositifs SaMD complexes, où la démonstration de la maîtrise des risques d’usage est un prérequis réglementaire.
Design Thinking et ateliers cliniques
Le Design Thinking encourage la créativité et la résolution rapide de problèmes en organisant des ateliers collaboratifs. Il favorise l’empathie avec les utilisateurs et la génération d’idées avant le prototypage.
Ces ateliers réunissent médecins, infirmiers, pharmaciens et ingénieurs pour simuler des scénarios réels. Les résultats permettent de prioriser les fonctionnalités à fort impact et de valider les hypothèses métier.
Cet esprit collaboratif accélère la construction d’un consensus et réduit les cycles de validation internes, tout en instaurant une dynamique d’innovation centrée sur les besoins cliniques.
Lean UX et Agile HealthTech
Le Lean UX privilégie la rapidité d’apprentissage et le développement d’hypothèses testables. Associé aux pratiques Agile, il permet d’intégrer les retours utilisateur dans des sprints courts et itératifs.
Cette flexibilité réduit les délais de mise en production d’évolutions et diminue le risque de développer des fonctionnalités inutilisées. Chaque incrément est testé en conditions réelles et ajusté avant le sprint suivant.
Par exemple, une plateforme de commerce en ligne a adopté cette approche pour optimiser son parcours d’achat : en cinq sprints, elle a affiné son MVP et obtenu une hausse de 20 % du taux de conversion.
Adoptez le design centré utilisateur comme levier d’excellence clinique
Le design centré utilisateur est la clé pour délivrer des solutions médicales à la fois sûres, adoptées et conformes. En prototypant tôt, en maintenant une boucle d’amélioration continue, en optimisant l’ergonomie et en choisissant la méthodologie adaptée, vous garantissez un impact positif sur la qualité des soins et la sécurité des patients.
Nos experts sont à votre disposition pour vous accompagner dans la mise en place d’une démarche HCD personnalisée, conforme aux exigences réglementaires et alignée sur vos objectifs métier.







Lectures: 8



