Résumé – Face à l’explosion des retours e-commerce (plus de 20 CHF/unité, goulots logistiques, empreinte carbone multipliée par cinq, marges érodées), le cycle inverse freine trésorerie, IT, service client et défis RSE. Des processus cloisonnés et des outils isolés génèrent coûts cachés, délais records, stocks mal gérés et perte de fidélisation. Solution : mettre en place une gouvernance transverse, un bus de données central et une plateforme modulaire microservices interopérable ERP/WMS, appuyés par un diagnostic global, une refonte des parcours et un pilotage unifié pour transformer les retours en levier durable et rentable.
La montée constante des retours e-commerce pèse aujourd’hui lourd sur les marges, surcharge les entrepôts et alourdit l’empreinte carbone des enseignes. Avec un coût moyen par retour proche de 20 CHF et un volume de déchets d’emballage jusqu’à cinq fois supérieur à un achat en boutique, la problématique devient rapidement un enjeu stratégique.
Pour les dirigeants IT, les responsables transformation et les directions générales, il ne s’agit plus de subir un centre de coûts, mais de transformer ce cycle inverse en levier de performance économique et de durabilité. Une approche systémique, coordonnée et data-driven se révèle indispensable pour repenser le retour comme un processus optimisé, de la recommandation produit à la logistique inversée.
Défis logistiques et environnementaux
Les volumes de retours ont explosé, mettant à mal les capacités logistiques et le service client. Les coûts directs et cachés saturent les budgets et fragilisent les marges.
Explosion des volumes de retours et charge logistique
Avec la démocratisation des achats en ligne et des retours gratuits, le nombre de colis à traiter en sens inverse a doublé pour certains retailers en moins de deux ans. Les entrepôts, souvent dimensionnés pour la distribution initiale, peinent à absorber ce flux croissant, provoquant des goulots d’étranglement et des délais de réintégration imposés aux achats suivants.
Chaque article retourné nécessite un cycle de contrôle qualité, une remise en stock ou un reconditionnement. Ces opérations mobilisent des équipes, des surfaces de stockage et des process qui n’étaient pas prévus dans la conception initiale des infrastructures logistiques. Le manque d’automatisation renforcée par une absence de coordination entre entrepôts et plateformes e-commerce aggrave la situation.
Au-delà du simple tri, les retours génèrent des opérations complexes comme le nettoyage, le reconditionnement, le réétiquetage et parfois la destruction. Ces étapes alourdissent aussi bien le plan de transport inverse que le reporting financier, car chaque mouvement est autant de coûts cachés dans les systèmes ERP non adaptés.
Coûts directs et indirects d’un processus cloisonné
Le coût moyen d’un retour dépasse souvent 20 CHF, en prenant en compte les frais d’expédition, de manutention et de traitement administratif. Mais ce chiffre n’intègre pas les ruptures de stocks, la dépréciation liée au temps de stockage ni les éventuelles remises consenties pour liquider les invendus.
Dans un scénario cloisonné, le marketing ne perçoit pas l’impact des campagnes de free returns, la finance peine à piloter le budget associé, et l’IT constate des surcharges de requêtes sur les modules de gestion des retours sans pouvoir ajuster les priorités. Le pilotage devient opaque et aucun acteur ne dispose d’une vision globale du cycle inverse.
Cette fragmentation se répercute directement sur la trésorerie et les taux de conversion, car un client confronté à des retours mal gérés réduira ses commandes futures, entraînant une érosion de la fidélité et un churn accru, difficile à relancer par la suite.
Impact environnemental et pression RSE
Au-delà du budget, la multiplication des retours génère un volume de déchets d’emballage et un nombre de trajets logistiques qui peuvent multiplier par cinq l’empreinte carbone d’un achat en point de vente. Les acteurs du retail sont désormais évalués sur leurs performances RSE, et ces indicateurs sont scrutés par les investisseurs et les consommateurs.
Face à ces enjeux, certaines enseignes ont mené un audit environnemental interne pour mesurer le tonnage de carton recyclé en flux sortants versus entrants. Elles ont découvert que la majorité des emballages retournés n’était pas réutilisée, faute de process de reconditionnement adapté, et finissait broyée, ce qui a porté atteinte à leurs objectifs de réduction d’émissions.
Par exemple, une enseigne de prêt-à-porter a constaté que près de 60 % de ses retours étaient déclarés non recyclables faute de tri adéquat. Cette situation a mis en lumière l’urgence d’un processus systémique de collecte, de tri et de reconditionnement pour respecter les engagements RSE et limiter la pollution de ses sites logistiques.
Limites des solutions ponctuelles
Les plateformes de gestion des retours standard offrent des fonctionnalités de base, mais elles restent cloisonnées et déconnectées des enjeux transverses. Sans intégration écosystémique, les gains se limitent à quelques KPI superficiels.
Fonctionnalités limitées et silo IT
Les outils de retour en marque blanche permettent au client de générer un bon de retour, mais ils n’intègrent pas forcément le pilotage des stocks, la traçabilité des emballages ni l’analyse prédictive des motifs de retour. Ils se contentent souvent d’un workflow linéaire, sans tenir compte des multiples variations possibles (extensions de garantie, reconditionnement, dons).
Dans de nombreux cas, la solution est déployée en mode SaaS sans véritable connecteur aux ERP locaux ni aux WMS de l’entrepôt. Le service retours reste une application isolée, sans feed-back temps réel vers les équipes métiers, qui continuent de piloter leurs campagnes marketing sans données précises sur les taux de succès ou les disparités par zone géographique.
L’absence d’une API extensible pour récupérer en temps réel les données de reverse logistics fragmente la chaîne d’information. Chaque département conserve ses propres tableaux de bord et métriques, ce qui freine toute initiative d’optimisation globale et empêche une vision unifiée indispensable pour arbitrer budget et ressources.
Manque de personnalisation contextuelle
Les solutions standards offrent des configurations basiques (fenêtres de retour, conditions statutaires, tarifs d’expédition), mais elles ne prennent pas en compte la complexité des assortiments, des politiques de prix dynamiques et des tiers-lieux (points relais, magasins) propres à chaque enseigne.
Un produit volumineux, fragile ou saisonnier peut nécessiter un traitement spécifique qu’aucun outil ponctuel ne prévoit nativement. Les exceptions sont gérées manuellement, générant des tickets de support et des opérations ad hoc qui pèsent sur la réactivité et sur la satisfaction finale du consommateur.
Sans moteur de règles contextualisé, les conditions de retour se durcissent ou s’assouplissent de manière arbitraire, créant de la confusion et des frustrations. Les enseignes perdent de vue leurs objectifs de durabilité et de profit, remplacés par une logique bassement opérationnelle et déconnectée des priorités métier.
Absence de vision transverse du cycle
Un outil ponctuel ne relie pas le parcours d’achat, la logistique inverse, la finance et la RSE. Il ne permet pas de corréler les données de feedback client avec les coûts logistiques, ni d’anticiper les retours futurs via l’analyse comportementale et la recommandation produit.
L’enjeu n’est pas seulement de rendre le widget de retour plus élégant : il s’agit de repenser le cycle inverse comme une composante à part entière de la chaîne de valeur. Sans orchestrateur commun, chaque département réinvente ses processus, gaspillant ressources et temps.
Par exemple, une enseigne a déployé un outil standard pour ses retours volumineux, mais le manque d’intégration entre la plateforme et le système financier a empêché le recalcul automatique des coûts unitaires. Résultat : plus de 10 % des retours ont été facturés à perte sur un trimestre, démontrant l’insuffisance d’une solution ponctuelle face à un besoin transversal.
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Approche écosystémique intégrée
La gestion des retours doit devenir un processus collaboratif, co-piloté par la logistique, le marketing, l’IT, la finance et la RSE. Chaque département apporte des données essentielles à l’optimisation globale. Seul un écosystème intégré garantit un pilotage performant.
Alignement des objectifs et gouvernance transverse
Une gouvernance dédiée, réunissant DSI, responsables supply chain, marketing, finance et RSE, permet de définir des KPI partagés : coûts par retour, taux de réutilisation des emballages, satisfaction post-retour et empreinte carbone. Cette instance pilote les décisions prioritaires et assure la cohérence des politiques tarifaires.
L’IT devient un facilitateur en mettant en place un bus de données centralisé, où chaque événement (demande de retour, validation qualité, réintégration en stock) est enregistré et partagé. Les équipes métiers accèdent à un tableau de bord unique pour suivre l’évolution des process, identifier les gisements d’économie et ajuster en temps réel les règles d’automatisation.
Flux de données unifiés et plate-forme modulaire
Pour orchestrer le cycle inverse, il faut un socle technique agile, open source, modulable et interopérable avec l’ERP et le WMS existants. L’architecture micro-services facilite l’ajout de fonctionnalités : scoring des motifs de retour, prédiction du reconditionnement possible ou automatisation des refus.
Chaque micro-service communique via des API standardisées, garantissant une traçabilité complète des opérations et la fluidité des échanges entre les équipes. Cette approche évite le vendor lock-in, autorise le test A/B de nouveaux process et la montée en charge sans refonte majeure.
Un exemple concret : une plateforme d’électronique a déployé un orchestrateur micro-services pour ses retours. En quelques semaines, elle a ajouté un module de tri automatique et un moteur de règles open source pour le routage vers ateliers ou centres de recyclage, démontrant que la modularité autorise l’évolution continue du système.
Étapes clés de la transformation
Pour passer d’un centre de coûts à un levier stratégique, trois phases clés sont nécessaires : un diagnostic global, une refonte des parcours de retour et la mise en œuvre d’une plateforme écosystémique. Chaque étape prépare la suivante pour un résultat durable.
Diagnostic croisé et audit global
La première phase consiste en un audit exhaustif des processus existants, des flux logistiques inverses aux systèmes d’information en passant par la traçabilité des emballages. Les équipes multiplient les interviews métiers, analysent les reportings financiers et scrutent les données opérationnelles pour identifier les goulets d’étranglement.
Ce diagnostic croisé met en lumière les points de friction : retours non tracés, délais de remise en stock, absence de suivi des coûts réels et manque d’indicateurs RSE. Il révèle aussi les doublons d’opérations entre plateformes et entrepôts que l’on croyait indépendants.
Un exemple en Suisse romande a illustré cette étape : un retailer alimentaire a découvert que 30 % des retours étaient traités manuellement dans trois entrepôts distincts, sans portail unique. Ce constat a validé l’urgence d’un orchestrateur central et la création de KPI partagés pour tous les sites.
Réévaluation des parcours de retour
Une fois le diagnostic posé, il s’agit de cartographier chaque parcours de retour existant, de la demande client à la disposition finale de l’article (réintégration, reconditionnement, don, destruction). L’objectif est de simplifier, d’automatiser les étapes répétitives et d’introduire des règles contextuelles selon la typologie de produit.
Cette phase mobilise responsables UX, supply chain, qualité et RSE pour co-construire des scénarios utilisateur fluides, limitant les manipulations inutiles et maximisant les taux de réutilisation. Les workflows sont modélisés et simulés avant tout déploiement, garantissant l’absence de rupture et la maîtrise des coûts.
Conception d’un système intégré
La dernière étape consiste à implémenter la plateforme écosystémique : micro-services, bus de données, moteur de règles open source et tableau de bord unifié. Les équipes IT développent en agile, testent chaque composant en condition réelle et adaptent les logiques de routage selon les retours du pilote.
La modularité garantit l’ajout ultérieur de nouveaux cas d’usage (retours cross-border, consignation d’emballages, partenariats de reconditionnement). Chaque fonctionnalité s’appuie sur une architecture sécurisée, évolutive et sans vendor lock-in, conforme aux bonnes pratiques DevSecOps.
Un exemple dans le secteur FMCG a démontré la robustesse de ce modèle : un constructeur d’appareils électroménagers a intégré en continu les données de retour sur sa plateforme. En six mois, il a optimisé les process inverses, réduit de 40 % les passages en centre de tri externe et multiplié par trois le taux de remise en circuit des pièces détachées.
Retours e-commerce durables et rentables
Redéfinir le cycle de retours comme un processus à forte valeur ajoutée permet de réduire significativement les coûts logistiques, d’améliorer l’expérience client et d’atteindre les objectifs RSE. Grâce à un diagnostic global, à la refonte des parcours et à la mise en place d’un écosystème modulaire, les entreprises transforment un poste de dépense en avantage concurrentiel.
Que vous pilotiez un projet de refonte ou que vous souhaitiez intégrer dès maintenant les principes d’une gestion écosystémique des retours, nos experts peuvent vous accompagner à chaque phase. De la stratégie aux déploiements techniques, nous vous aidons à allier performance, ROI et durabilité sans vendor lock-in.







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