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LLM, tokens, fine-tuning : comprendre comment fonctionnent réellement les modèles d’IA générative

Auteur n°14 – Daniel

Par Daniel Favre
Lectures: 36

Dans un paysage où l’IA générative se diffuse à grande vitesse, beaucoup saisissent ses résultats sans appréhender ses rouages. Derrière chaque réponse de GPT-4 se cache un enchaînement de traitements mathématiques et statistiques qui reposent sur la manipulation de tokens, de poids et de gradients. Comprendre ces concepts est essentiel pour évaluer la robustesse, anticiper les limites sémantiques et concevoir des cas d’usage sur mesure. Cet article propose une plongée concrète dans le fonctionnement des grands modèles de langage, depuis la tokenisation jusqu’au fine-tuning, en illustrant chaque étape par des scénarios réels d’entreprises suisses. Vous disposerez ainsi d’une vision claire pour intégrer l’IA générative de façon pragmatique et sécurisée au sein de vos processus métier.

Comprendre la mécanique des LLM : du texte aux prédictions

Un LLM repose sur une architecture de transformeurs entraînée sur des milliards de tokens pour prédire le mot suivant. Cette approche statistique produit des textes cohérents sans pour autant conférer de compréhension réelle au modèle.

Qu’est-ce qu’un LLM et comment il est entraîné

Les grands modèles de langage (Large Language Models) sont des réseaux de neurones profonds, généralement basés sur l’architecture Transformer. Ils apprennent à prédire la probabilité du token suivant dans une séquence, en s’appuyant sur des mécanismes d’attention qui pondèrent dynamiquement les relations entre tokens.

L’entraînement se fait en deux phases principales : le pré-entraînement auto-supervisé et, parfois, une étape de supervision par l’Homme (RLHF). Durant le pré-entraînement, le modèle ingère massivement du texte brut (articles, forums, code source) et s’ajuste à minimiser l’erreur de prédiction sur chaque token masqué.

Cette phase exige des ressources de calcul colossales (unités GPU/TPU) et du temps. Le modèle affine progressivement ses paramètres pour capter des structures linguistiques et statistiques, mais sans disposer d’un mécanisme explicite de “compréhension” de sens.

Pourquoi GPT-4 ne comprend pas vraiment ce qu’il dit

GPT-4 génère des textes plausibles en reproduisant des patterns observés durant son entraînement. Il ne possède pas de représentation sémantique profonde, ni de conscience de ses propos : il maximise la vraisemblance statistique.

En pratique, cela signifie que si vous lui demandez d’expliquer un paradoxe mathématique ou un dilemme moral, il s’appuiera sur des formulations apprises, sans véritable raisonnement symbolique. Les erreurs qu’il peut commettre – contradictions, hallucinations – résultent précisément de cette approche purement probabiliste.

Cependant, son efficacité pour rédiger, traduire ou synthétiser provient de l’ampleur et de la diversité de ses données d’entraînement, couplées à la puissance des mécanismes d’attention sélective.

La parabole de la chambre chinoise : comprendre sans comprendre

John Searle a proposé la “chambre chinoise” pour illustrer qu’un système peut manipuler des symboles sans en saisir le sens. De l’extérieur, on obtient des réponses pertinentes, mais aucune compréhension n’émerge à l’intérieur.

Dans le cas d’un LLM, les tokens circulent à travers des couches où s’appliquent des transformations linéaires et non-linéaires : le modèle relie formellement des chaînes de caractères, sans qu’aucune entité interne ne “sache” ce que cela signifie.

Cette analogie invite à garder un regard critique : un modèle peut générer un discours convaincant sur la réglementation ou la stratégie IT sans comprendre la portée pratique de ses propres assertions.

Exemple : une caisse de retraite suisse de taille moyenne a expérimenté GPT pour générer des réponses à son service client. Si les réponses étaient convenables sur des sujets simples, des questions complexes sur les régulations fiscales généraient des incohérences, faute de réelle modélisation des règles métier.

Le rôle central de la tokenisation

La tokenisation décompose le texte en unités élémentaires (tokens) pour que le modèle puisse les traiter mathématiquement. Le choix de la granularité des tokens impacte directement la qualité et la densité informationnelle de la prédiction.

Qu’est-ce qu’un token ?

Un token est une séquence de caractères identifiée comme une unité minimaliste au sein du dictionnaire du modèle. Selon l’algorithme (Byte-Pair Encoding, WordPiece, SentencePiece), un token peut être un mot entier, un sous-mot ou même un caractère isolé.

En découpage sous-mot, le modèle réunit les plus fréquentes unités de caractères pour former un vocabulaire d’une centaine de milliers de tokens. Les pièces les plus rares – noms propres, acronymes spécifiques – deviennent alors des concaténations de plusieurs tokens.

Le traitement des tokens permet au modèle d’apprendre des représentations continues (embeddings) pour chaque unité, facilitant le calcul de similarités et de probabilités conditionnelles.

Pourquoi un mot rare est-il “découpé” ?

Les LLM visent un compromis entre couverture lexicale et taille de vocabulaire. Inclure tous les mots rares augmenterait le dictionnaire et la complexité des calculs.

Les algorithmes de tokenisation fractionnent donc les mots peu fréquents en sous-unités connues. Ainsi, le modèle peut recomposer la signification d’un terme inconnu à partir de ses sous-mots sans nécessiter un token dédié.

Cependant, cette approche peut altérer la qualité sémantique si la découpe n’est pas correctement alignée avec les racines linguistiques, surtout pour les langues flexionnelles ou agglutinantes.

Les différences de tokenisation entre l’anglais et le français

L’anglais, plus isolant, génère souvent des tokens de mots entiers, tandis que le français, riche en terminaisons et en liaisons, produit davantage de sous-mots. Cela se traduit par des séquences de tokens plus longues pour un même texte.

Les accents, apostrophes et césures grammaticales (l’élision, la liaison) impliquent des règles spécifiques. Un modèle mal ajusté peut alors multiplier les tokens pour un mot simple, réduisant la fluidité de la prédiction.

Un dictionnaire bilingue intégré, avec une segmentation optimisée pour chaque langue, améliore la cohérence et l’efficience du modèle dans un contexte multilingue.

Exemple : un fabricant suisse de machines-outils, actif en Suisse romande et en Suisse alémanique, a optimisé la tokenisation de ses manuels techniques bilingues pour réduire de 15 % le nombre de tokens générés, ce qui a accéléré de 20 % le temps de réponse du chatbot interne.

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Poids, paramètres, biais : le cerveau de l’IA

Les paramètres (ou poids) d’un LLM sont les coefficients ajustés durant l’entraînement pour relier chaque token à son contexte. Les biais, quant à eux, orientent les décisions statistiques et sont indispensables pour stabiliser l’apprentissage.

Analogies avec le fonctionnement cérébral humain

Dans le cerveau humain, les synapses modulables entre neurones renforcent ou affaiblissent les connexions selon l’expérience. De façon similaire, un LLM ajuste ses poids sur chaque connexion neuronale virtuelle.

Chaque paramètre encode une corrélation statistique entre tokens, tout comme une synapse capture une association d’événements sensoriels ou conceptuels. Plus le modèle est grand, plus il dispose de paramètres pour mémoriser des patterns linguistiques complexes.

Pour donner une idée, GPT-4 embarque plusieurs centaines de milliards de paramètres, bien plus que le cortex humain ne compte de synapses. Cette capacité brute permet de couvrir un large éventail de situations, au prix d’une consommation énergétique et de calcul considérable.

Le rôle de la rétropropagation et du gradient

La rétropropagation est la méthode clé pour entraîner un réseau de neurones. À chaque prédiction, l’erreur estimée (différence entre token prédit et token réel) est propagée en sens inverse à travers les couches.

Le calcul du gradient mesure la sensibilité de la fonction de perte aux changements de chaque paramètre. En appliquant une mise à jour proportionnelle au gradient (méthode du gradient descent), le modèle affine ses poids pour réduire l’erreur globale.

Ce processus itératif, répété sur des milliards d’exemples, façonne progressivement l’espace de représentation des embeddings et assure la convergence du modèle vers un point où les prédictions sont statistiquement optimisées.

Pourquoi les “biais” sont nécessaires à l’apprentissage

Dans les réseaux de neurones, chaque couche possède un terme de biais ajouté à la somme pondérée des entrées. Ce biais permet d’ajuster le seuil d’activation du neurone, offrant plus de flexibilité à la modélisation.

Sans ces biais, le réseau serait contraint à passer par l’origine du repère lors de chaque activation, limitant sa capacité à représenter des fonctions complexes. Les biais garantissent que chaque neurone peut s’activer indépendamment du signal d’entrée nul.

Au-delà de l’aspect mathématique, la notion de biais soulève des enjeux éthiques : les données d’entraînement peuvent véhiculer des stéréotypes. Un audit rigoureux et des techniques de dé-biaisement s’imposent pour limiter ces effets indésirables dans les applications sensibles.

Le fine-tuning : spécialiser une IA pour vos besoins

Le fine-tuning affine un modèle généraliste sur un jeu de données métier pour accroître sa pertinence sur un domaine spécifique. Cette étape permet d’améliorer la précision et la cohérence sur des cas d’usage concrets tout en réduisant le volume de données nécessaires.

Comment adapter un modèle généraliste à un domaine métier

Plutôt que d’entraîner un LLM from scratch, coûteux et long, on part d’un modèle pré-entraîné. On lui soumet alors un corpus ciblé (données internes, documentations, logs) pour ajuster ses poids sur des exemples représentatifs.

Cette phase de fine-tuning nécessite un étiquetage minimal mais précis : chaque prompt et chaque réponse attendue constituent un exemple supervisé. Le modèle intègre ainsi vos terminologies, vos formats et vos règles métier.

On veille à conserver un équilibre entre la spécialisation et la capacité à généraliser, pour éviter l’overfitting. Des techniques de régularisation (dropout, early stopping) et une validation croisée sont alors essentielles.

Formats SQuAD et boucle de spécialisation

Le format SQuAD (Stanford Question Answering Dataset) organise les données sous forme de paires question‐réponse indexées dans un contexte. Il est particulièrement adapté au fine-tuning pour des tâches de Q&A interne ou de chatbots.

On présente au modèle un passage de texte (contexte), une question ciblée et la réponse exacte extraite. Le modèle apprend à repérer l’information pertinente dans le contexte, améliorant ses performances sur des requêtes similaires.

En boucle de spécialisation, on alimente régulièrement le dataset avec de nouveaux exemples validés en production, ce qui permet de corriger les dérives, d’enrichir les cas limites et de maintenir la qualité au fil du temps.

Cas d’usage pour les entreprises (SAV, recherche, back-office…)

Le fine-tuning trouve des applications variées : automatisation du support client, extraction d’informations dans des contrats, résumés de comptes-rendus ou analyses sectorielles. Chaque cas repose sur un corpus spécifique et un objectif métier mesurable.

Par exemple, un acteur logistique suisse a entraîné un LLM sur ses procédures de gestion des réclamations. Le chatbot interne répond désormais aux questions des opérateurs en moins de deux secondes, avec un taux de satisfaction de 92 % sur les requêtes courantes.

Dans un autre contexte, un département R&D a utilisé un modèle finement ajusté pour analyser automatiquement des brevets et détecter des tendances technologiques émergentes, libérant ainsi des analystes de tâches répétitives et chronophages.

Maîtriser l’IA générative pour transformer vos processus métier

Les modèles d’IA générative s’appuient sur des fondations mathématiques et statistiques rigoureuses qui, une fois bien comprises, deviennent un levier puissant pour vos projets IT. La tokenisation, les poids, la rétropropagation et le fine-tuning forment un cycle cohérent pour concevoir des outils sur mesure et évolutifs.

Au-delà de la magie apparente, c’est votre capacité à aligner ces techniques avec votre contexte métier, à choisir une architecture modulaire et à veiller à la qualité des données qui déterminera la valeur réelle de l’IA au sein de vos processus.

Si vous envisagez d’intégrer ou de faire évoluer un projet d’IA générative dans votre environnement, nos experts sont disponibles pour définir une stratégie pragmatique, sécurisée et scalable, de la sélection du modèle open source jusqu’à la mise en production et la boucle de spécialisation continue.

Parler de vos enjeux avec un expert Edana

Par Daniel

Ingénieur Logiciel

PUBLIÉ PAR

Daniel Favre

Avatar de Daniel Favre

Daniel Favre est ingénieur logiciel senior. Il conçoit et développe des solutions métier sur-mesure et des écosystèmes digitaux complets. Fort de son expertise en architecture et performance, il transforme vos besoins en plateformes robustes et évolutives qui soutiennent votre transformation digitale.

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